Prise
en charge de l'asthme :
les enjeux pour le système de santé
Dominique
Etienne
17
janvier 2000
Lasthme est en
constante augmentation depuis 30 à 40 ans. Selon lOMS,
sa prévalence varie de 4 à 8% dans les pays européens. Le traitement
de lasthme est connu et les recommandations concernant son
diagnostic et sa prise en charge font lobjet de consensus
internationaux. Pourtant des décès, tous évitables, sont encore
imputables à lasthme et la qualité de vie des asthmatiques
pourrait souvent être améliorée.
Une pathologie chronique en augmentation
Des déficiences reconnues
dans la prise en charge
Le coût de lasthme
Les initiatives actuelles
damélioration de la prise en charge
Une pathologie chronique en augmentation
Une prévalence en augmentation
Le taux moyen de prévalence
de lasthme en France (avec manifestation clinique ou traitement
au cours des 12 derniers mois) se situe dans une fourchette de 2,5%
à 5% (IRDES 1997). Le taux de prévalence cumulative (personnes qui
ont souffert de lasthme de façons diverses au cours de leur
vie) se situe dans une fourchette de 7 à 10%. Les jeunes ont le
taux de prévalence le plus élevé.
Lenquête à dimension
européenne (European Health Community Respiratory Survey)
réalisée en 1991 et 1992 a montré une augmentation significative
de la prévalence en Europe et en France notamment, particulièrement
chez les jeunes (corrélation inversement positive de la prévalence
avec lâge). En France, la prévalence de lasthme actuel
dans les trois sites de lenquête variait de 2,7% à 4%.
Prévalence
de l'asthme
(instantanée et cumulée)
Source : Prevalence of asthma and asthma-like symptoms in three
French cities (European Community Respiratory Health Survey)
Aux Etats-Unis, le
Center for Disease
Control and Prevention a donné les conclusions suivantes :
la prévalence de lasthme avait augmenté de 75 % entre 1980
et 1994 , soit une prévalence située entre 4,5% et 5,5% selon
les régions en 1994 (13,7 millions de personnes souffraient
dasthme en 1994 contre 6,8 millions en 1980). En 1996, le
CDC recensait 14 millions dasthmatiques américains. (Cliquer
ici pour consulter lensemble des résultats).
Une mortalité encore importante pour une pathologie que lon
sait traiter
On estime le nombre
de morts à environ 2000 par an (en 1993) en France. Si ce chiffre
paraît stabilisé depuis 1990, il a crû de plus d1/4 de la
fin des années 70 au début des années 90. Cette augmentation est
à relier à laggravation des cas. Le recours à lhospitalisation,
considéré comme un facteur de gravité, est de plus en plus fréquent :
le taux dhospitalisation a en effet doublé en 20 ans. Selon
l' IRDES,
en 1996, 85% des patients hospitalisés en court séjour lont
été en urgence, pour des crises dasthme aiguës.
Les résultats du CDC
montrent également une augmentation de la mortalité par asthme depuis
la fin des années 70 alors quelle avait décrû depuis le début
des années 60 (de 8,2 par million dhabitant pour la période
1975-78 à 17,1 pour la période 1993-95).
Un autre signe de laggravation
des cas en France est laugmentation de lasthme en tant
qu " Affection de longue durée "
(de 4,4% de 1990 à 1995). On peut noter que 14,5% des asthmatiques
étaient exonérés du ticket modérateur en 1995, dont 82% pour ALD
et 12% pour invalidité. Linsuffisance respiratoire chronique
est la maladie exonérante chez 44% des asthmatiques exonérés du
ticket modérateur.
Les taux de mortalité
selon lâge font apparaître une prépondérance des sujets âgés
de plus de 75 ans dans les cas de décès pour asthme (40 pour 100
000). Si lon considère lasthme par rapport à lensemble
des décès toutes causes confondues, la tranche des 514 ans
a le taux le plus élevé : 12 pour 1000 décès.
La lecture de ces chiffres
doit néanmoins tenir compte du fait que lasthme est sans doute
mieux diagnostiqué quauparavant et que la classification internationale
des maladies a changé au cours de la période.
Enfin, lasthme
a des répercussions importantes sur la qualité de vie des malades.
Chez lenfant en particulier, lasthme affecte lactivité
scolaire, la pratique du sport, les loisirs, les relations familiales.
10 à 25% de labsentéisme scolaire en France est dû à lasthme.
Un problème dactualité
De nombreuses études
restent en cours. Dans son enquête annuelle sur la Santé, les soins
et la protection sociale, l' IRDES,
en collaboration avec AstraZeneca, a inséré cette année un questionnaire
spécifique à lasthme, qui sattache à décrire les asthmatiques
et leur recours aux soins, notamment en fonction du stade de gravité
(cf fiche
technique les 4 stades de gravité de lasthme). Les premiers
résultats (décembre 1999), sur plus de 16 000 sujets, montrent une
prévalence de 5,8 % (6% pour les femmes et 5,6% chez les hommes).
5 asthmatiques sur 10 souffrent dasthme persistant. Au niveau
international, létude ISAAC, menée sur un échantillon de plus
de 400 000 enfants et adolescents (International Study of Asthma
and Allergies in Childhood) a débuté en 1992 : sa première
phase, dont lobjectif était détudier la prévalence de
lasthme, la rhinite et leczéma vient de se terminer.
La prévalence de lasthme varie dun facteur de 1 à 20
selon les centres : la plus élevée est recensée au Royaume-Uni,
en Australie, en Grande-Bretagne, et en Nouvelle Zélande ;
la plus basse en Europe de lest, Indonésie, Grèce, Chine et
Inde. En France, la prévalence observée chez les 6-7 ans est de
9,3% à Bordeaux et 6,7% à Strasbourg. Chez les 13-14 ans, elle atteint
10,4 % à Strasbourg et à 15% dans le Languedoc, à Marseille et Bordeaux.
Létude continue : la phase II sera consacrera aux facteurs
génétiques et environnementaux et la phase III à lévolution
épidémiologique des trois maladies.
Prévalence
de l'asthme chez les 13-14 ans
dans le cadre de l'enquête ISAAC
Suite
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17 janvier 2000
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