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Médicament et managed care
Des pratiques qui favorisent l’innovation

Cédric TOURNAY

Pour la deuxième année consécutive, l’industrie pharmaceutique a connu en 1997 une croissance à deux chiffres sur le marché américain. L’étude IMS qui consolide ces données révèle également quelques changements significatifs dans le classement des médicaments leaders, tant en terme de volumes de prescription que de ventes.

Plus que jamais, le principal facteur de croissance sont les molécules innovantes et les extensions d’indications plus que les augmentations de coûts ou de volume. Plus du tiers de la croissance est dû à des molécules mises sur le marché il y a moins de deux ans. Les 20 produits les plus dynamiques représentent 3,5 % du total du marché.

La couverture croissante des dépenses de médicaments aux Etats-Unis et le développement du managed care ont aussi contribué à la croissance du marché. L’existence d’un tiers-payant est un facteur décisif dans la façon dont les patients et les professionnels de santé choisissent leurs traitements. L’évolution du marché semble indiquer que les organisations de managed care préfèrent les traitements médicamenteux aux autres thérapies, dans une optique de réduction globale des coûts.

Classement des 10 médicaments les plus vendus aux États-Unis
(en millions de dollars – source : IMS)

 

Prilosec (Omeprazole) devient le médicament le plus vendu aux Etats-Unis. Il devance ainsi le Zantac de Glaxo-Wellcome (ranitidine), autre anti-ulcéreux (classe des anti H2), ex numéro un du classement dont le brevet est tombé dans le domaine public à la mi-97. Trois antidépresseurs figurent au top ten des ventes américaines : Prozac, Zoloft et Paxil.

En 1997, les anti-ulcéreux ont continué leur course en tête en représentant 6,7 % du total des ventes en volume, pour une croissance annuelle de 12 %. La plus forte croissance revient toutefois aux antipsychotiques (68 %), puis aux hypocholestérolémiants (38 %) et aux antihistaminiques (30 %).

Les médicaments vendus sur prescription ont représenté un marché total de 2,5 milliards d’unités en 1997, ce qui représente une croissance de 5%.

Classement des 10 médicaments les plus vendus aux Etats-Unis
(en millions d’unités – source : IMS)

 

La codéine non-injectable et ses associations sont devenus les gammes les plus prescrites, devant les inhibiteurs calciques. L’œstrogène de Wyeth-Ayerst (Premarin) reste le médicament le plus prescrit, l’anti-asthmatique de Warrick – filiale génériques de Schering-Plough – , Albuterol, a connu la plus forte progression au sein du top 20, passant de la 15ème à la 7ème place entre 1996 et 1997.

American Home Products, Bristol-Myers Squibb, et Novartis restent les trois laboratoires leaders pour les médicaments de prescription. Au sein du classement des 20 premières molécules, Watson Pharmaceuticals et Warner Lambert ont bénéficié des plus forts taux de croissance (respectivement 44 et 35 %).

Ces résultats concordent avec une étude parue récemment au sujet des Pharmacy Benefit Managers (PBM), ces groupes de services qui ont la charge de gérer la politique du médicament dans le système de santé américain. Ces PBM, souvent des filiales des groupes pharmaceutiques, disposent d’une expertise sans égale dans ce domaine puisqu’ils collectent et analysent les informations relatives aux traitements. Pour le compte des HMO et des assureurs, ils favorisent donc l’innovation et les traitements coût-efficaces. Autour de la distribution pharmaceutique, ils ont développé des programmes de prévention et d’accompagnement des patients (disease management). Comme le montre le schéma ci-dessous, la popularité des PBM est forte aujourd’hui auprès du grand public. Elle contraste d’ailleurs avec le discrédit relatif que connaissent actuellement les HMO.

Satisfaction des assurés américains à l’égard des services gérés par les PBM
(source : SCP communications, 1998)

 

Plus de la moitié (51 %) des personnes sondées ont annoncé qu’elles envisageaient d’utiliser davantage les programmes proposés par les PBM dans les deux prochaines années. Ces programmes, nombreux et variés, ont tous pour objectif d’améliorer l’observance aux traitements et leurs bénéfices médicaux et économiques :

  • Utilisation de formulaires pharmaceutiques (sortes de RMO) par les médecins.

  • Traitement des informations médicales relatives aux patients pour améliorer la gestion personnalisée de sa prise en charge (case management).

  • Programmes de formation et d’accompagnement

En définitive, l’évolution du marché pharmaceutique aux Etats-Unis montre qu’un service adapté doit de plus en plus accompagner la vente des produits. L’efficacité des molécules n’est plus seulement jugée selon des critères cliniques, elle doit être vérifiée dans la réalité, en tenant compte de l’environnement du patient, de son comportement et de la spécificité de son état. Naturellement, cette tendance rend plus complexe le métier des laboratoires pharmaceutiques et des professionnels de santé. En retour, on constate que ce mouvement est soutenu par les patients, désireux de pouvoir compter sur des traitements et des modes de prise en charge à la fois sûrs et performants.



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8 août 1998


 

 
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