Les
grandes lignes du
Projet de Loi de Financement
de la Sécurité sociale pour 2001
Assemblée
Nationale
François
MORAND
2 novembre
2000
suite et fin (2/2)
Principales
mesures prévues dans la loi
Disposition relatives
aux ressources et aux transferts
Afin de faciliter un
retour à lemploi pour les personnes aux revenus les plus modestes,
une réduction de la CSG et de la CRDS sur les bas salaires, dégressive
jusquà 1,4 fois le SMIC, sera appliquée progressivement dici
2003. Au niveau du SMIC, lexonération sera totale en 2003.
Une exonération totale de la CRDS sera de plus appliquée pour les
retraités, les chômeurs et les titulaires de pension dinvalidité
non imposables.
Disposition relatives
aux dépenses et à la trésorerie
Une nouvelle allocation
familiale va voir le jour : lallocation de présence parentale
auprès dun enfant malade. Dautre part, le cumul est
désormais possible entre lallocation parentale déducation
et des revenus dactivités, alors quil y a un renforcement
de laide à la garde denfant par une assistante maternelle,
permettant à davantage de familles dy accéder. Enfin, un fonds
dinvestissement de 1,5 milliard pour les crèches sera mis
en place.
Le minimum vieillesse est rehaussé de 2,2 %, cette allocation étant
maintenue au-dessus du plafond de la CMU dont le seuil dattribution
passe de 3500 à 3600 francs. Par ailleurs, les pensions de retraites
de base du régime général seront revalorisée de 2,2 % en 2001, alors
que le fonds de réserve des retraites sera alimenté jusquen
2016 par la majeure partie des recettes provenant de la vente des
licences UMTS de téléphonie mobile de troisième génération (soit
18,5 milliards pour 2001).
Un fonds dindemnisation
de 2 milliards pour les victimes de lamiante est créé afin
de permettre une meilleure réparation des dommages subis.
Un fonds de promotion
de linformation médicale à destination des professionnels
de santé, géré par lAFSSAPS, sera créé afin de diffuser une
information objective et facilement utilisable sur les médicaments,
alors quun fonds de modernisation des établissements de santé
aux missions plus larges que le fonds daccompagnement social
sera mis en place.
Les reversements imposés
à lindustrie pharmaceutique en cas de dérapage des dépenses
de santé sont réévalués à la hausse. Un système progressif est mis
en place : les laboratoires verseront une contribution égale
à 50 % des dépassements dès lors que la hausse de leur chiffre daffaires
sera égal ou supérieur de 0,5 point à lobjectif (soit entre
3 et 3,5 %) ; les reversements seront de 60 % pour une fourchette
de 3,5 à 4 % ; les reversements seront de 70 % pour un chiffre
daffaires en progression supérieure à 4 %.
On peut cependant douter de lutilité de ce système de paliers
car, comme la rappelé justement le SNIP, l'évolution normale
des dépenses de médicaments, en réponse aux besoins de santé publique,
est de l'ordre de 6 à 7 % en France. Elle est même de 8 à 10 % chez
nos voisins européens et va jusquà atteindre près de 15 %
aux Etats-Unis !
La publicité auprès
du public pour un médicament est admise, si trois conditions sont
remplies : le médicament ne doit pas être soumis à prescription
médicale, il ne doit pas être remboursable par les régimes obligatoires
dassurance maladie et son AMM ne doit pas comporter de restriction
en matière de publicité en raison dun risque possible pour
la santé publique. Il peut y avoir un démarrage de la publicité
par anticipation pour les médicaments faisant lobjet dune
radiation de la liste des médicaments remboursables.
Orientations de la politique de santé
Lune des orientations
principales du projet de loi est le renforcement de légalité
daccès aux soins, à travers la couverture maladie universelle,
mais aussi en renforçant les moyens des permanences daccès
aux soins de santé.
Dautre part,
laccréditation doit contribuer à développer la transparence
du système de soins et les droits des malades, alors que le dispositif
de prévention sanitaire sera par ailleurs bientôt renforcé par la
création de lagence de sécurité sanitaire environnementale,
chargée dexpertiser et dévaluer limpact potentiel
sur la santé des perturbations de lenvironnement.
La politique de prévention
va être amplifiée, que ce soit en soutenant le programme national
de lutte contre lhépatite C, en renforçant la lutte contre
les maladies sexuellement transmissibles, en poursuivant le plan
de lutte contre le tabagisme ou en renforçant les actions de prévention
mises en place au niveau des jeunes (renforcement des centres de
cures de cures ambulatoires en alcoologie et implication des établissements
de santé dans la lutte contre lalcoolisme, le tabagisme et
les conséquences de lusage des drogues).
Lamélioration
de la prise en charge est aussi un axe important. Le programme national
de lutte contre les cancers, une campagne denvergure sur la
contraception, le plan triennal de lutte contre la douleur, le développement
de léducation thérapeutique des patients ou une meilleure
prévention des troubles du langage, telles sont les principales
actions menées dans ce sens.
Par ailleurs, les réformes
structurelles en matière dorganisation seront poursuivies.
Pour les soins de ville, une action est conduite pour améliorer
les pratiques professionnelles, que ce soit à travers les dispositifs
dévaluation et dentretien des connaissances des médecins,
la modernisation de la nomenclature des actes médicaux, linstallation
dun comité de gestion national du fonds daide à la qualité
des soins de ville ou la progression de linformatisation du
système de santé.
Trois priorités se dégagent pour lhôpital, dont les objectifs
sont traduits dans les schémas régionaux dorganisation sanitaire
(SROS) : adapter loffre de soins aux besoins de la population,
promouvoir la qualité et la sécurité des soins et poursuivre la
réduction des inégalités dans laccès aux soins.
Le changement de personnalités
au ministère de la santé permettra-t-il de créer un climat favorisant
la discussion ? Elisabeth Guigou parle dune troisième
voie quelle ouvrirait entre celle qui a été suivie par sa
prédécesseur et les revendications des syndicats de médecin, en
pratiquant davantage la concertation.
Reste que le retour de la croissance occulte laugmentation
régulière des dépenses liées à la protection sociale avec deux sujets
cruciaux pour lavenir : les retraites et la santé. Claude
Maffioli, président de la CSMF et Richard
Bouton de MG-France, dont les interviews paraissent ce mois
dans nos colonnes insistent sur la nécessité pour les pouvoirs publics
de prendre leurs responsabilités en débattant du panier de biens
et services. Il est cependant peu probable que cela figure dans
le projet de loi de financement de la sécurité sociale lan
prochain à quelques mois des élections législative et présidentielle.
En revanche les dispositions sur les droits des patients, tant attendues
par les associations, figureront, peut-être, dans la prochaine loi,
si le calendrier parlementaire nest pas trop encombré.
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novembre 2000
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